– 1922 -2011
Notice biographique / histoire administrative :
Les premiers pas du syndicat eut lieu le 12 septembre 1920, alors que pendant deux ans, 250 travailleurs signèrent leur carte de membre. Ce premier syndicat ne put toutefois tenir le coup. La première réunion pour fonder le Syndicat national et catholique du moulin à pulpe et papier de Donnacona eut lieu en 1937, où 114 membres étaient réunis. Le promoteur du mouvement était M. Raoul Royer. Ils eurent l’aide du Conseil Central de Québec, de la Fédération du Papier et l’appui de l’Archevêché par l’entremise du cardinal Villeneuve. Il n’était cependant pas reconnu par la compagnie. C’est en mai 1944 que le syndicat fut reconnu.
Le syndicat, au cours des années suivantes, se battit pour le français au travail, l’ancienneté et le salaire basé sur le coût de la vie et non sur le coût du papier ou de la planche isolante. Dans les années 1950, la scolarité chez les jeunes devint un élément important pour le syndicat, qui voyait les jeunes quitter l’école plus rapidement pour entrer plus rapidement sur le marché du travail. Parallèlement, les nouvelles technologies dans l’industrie papetière exigeaient une plus grande formation. Le syndicat entreprit donc des pourparlers avec la compagnie pour élaborer un programme scolaire relié au travail en usine, afin de donner aux jeunes une formation suffisante et leur permettre de terminer leur scolarité.
Dans les années 1960, l’usine se scinda en deux ; une usine pour le papier journal, et une usine pour les matériaux de construction (Usine de la Planche Isolante). Cela entraîna aussi une division dans le syndicat, et l’usine de la planche isolante créa son propre syndicat, le syndicat de la Planche isolante, tandis que l’usine du papier conversa son syndicat nation des pâtes et papiers. Toutefois, malgré la présence du syndicat, les compagnies continuent de faire des passe-droits, si bien qu’en 1976, une grève éclata. Les relations internes sont alors très agressives, et ce jusqu’en 1987, où les deux parties ont entamés des approches sur l’assainissement indispensable de leurs relations. Plusieurs rencontrent diagnostiques eues lieus entre le 16 mai 1989 et le 17 octobre 1989, impliquant 74 intervenants (22 représentants syndicaux, 33 contremaîtres et 13 cadres de deuxième niveau). Un rapport écrit de chacun des groupes est analysé par la direction de l’usine. Le 9 novembre 1989, une entente entre le syndicat et les patrons est signée, en faveur d’une médiation préventive. Toutefois, en 1990, le syndicat dénonce une médiation préventive à sens unique et accuse la compagnie de manquer de bonne foi. Le syndicat commence donc à créer un comité de survie. En septembre, les négociations sont difficiles, si bien que la compagnie veut abolir des acquis chez les syndiqués en leur enlevant 2 des 4 jours fériés payés. La compagnie émet ensuite des menaces de fermeture.
À plusieurs reprises, Domtar implique le syndicat dans ses dossiers, mais le syndicat dénonce la dictature, la menace et l’arrogance de la compagnie. En 1991, la convention collective qui a été échue le 1er mai 1989 est toujours en suspend. Le 1er février, on annonce 32 pertes d’emplois, dont 22 syndiqués. Enfin, le 14 avril 1991, il y a entente sur la convention collective. Le 16 août, 53 autres postes sont coupés, dont 26 syndiqués. Le 21 août, le syndicat se donne comme objectif de «tout faire pour garder l’usine en marche avec le maximum d’effectifs». En 1993, l’employeur et le syndicat firent le point sur leurs efforts de réorganisation du travail effectués depuis deux ans. Le document Vers une entreprise de classe mondiale fut publié suite à des rencontres pour renouveler le partenariat entre les deux parties.
Dans les années 1990, les temps étaient plus difficiles pour l’industrie du papier, entraînant des changements. Plusieurs fermetures d’usines et de machines à papier, réduction du personnel dans la plupart des usines, détérioration de la situation financière des entreprises, transformation de la demande des produits des pâtes et papiers, développement de l’industrie au Brésil, Indonésie, en Corée du Sud, accélération de la modernisation de l’industrie papetière européenne, etc.. Ainsi, le syndicat des pâtes et papiers de Donnacona se rassembla avec plusieurs syndicats affiliés en 1991 pour faire le point et lancer des pistes d’action pour revitaliser l’industrie papetière. En même temps, Domtar avait décidé de se départir de ses opérations de papier journal. Une fermeture de l’usine représentait une perte d’actifs trop importante et l’usine n’était pas vendable vu les conditions difficiles de l’industrie du papier. Le directeur de l’usine, M. Desjardins, voulait donc abolir 100 autres postes. Gilles Papillon, alors chef syndical, répliqua qu’il fallait un investissement pour rendre l’usine rentable à nouveau. La CSN et la direction de l’usine travaillèrent ensemble afin d’élaborer un vrai plan d’entreprise axé sur le développement de produits à valeur ajoutée et sur la modernisation de l’usine. C’était un objectif syndical, pour permettre aux syndiqués de bien vivre à Donnacona et éviter les licenciements, en plus de permettra à l’usine d’atteindre une envergure de classe mondiale. L’usine dut tout de même fermer ses portes du 21 décembre 1991 au 6 janvier 1992, ce qui met à plus de 50 jours le nombre de journées de fermeture à Donnacona. Après de grands efforts du syndicat et de M. Gilles Papillon, on voit une amélioration, notamment en dénombrant seulement 12 jours de fermeture en 1992. Domtar songe tout de même à se départir de sa division de pâtes et papier.
En 1993, la relance de l’usine est lancée. Les travailleurs réussissent même à établir un nouveau record de production, avec 486 tonnes métriques en moyenne par jour. Le 2 mars 1993, le syndicat propose de former éventuellement une coopérative. Cette coopérative travaillerait en partenariat avec des partenaires, que ce soit Domtar ou d’autres. Toutefois, des investissements majeurs sont nécessaires pour moderniser l’usine et rendre le projet viable. 40 000$ sont alors transférés du Fonds de survie local pour mener à terme la survie de l’usine. L’objectif des travailleurs et du syndicat est maintenant de devenir une usine de classe mondiale. Le 4 février 1994 a lieu un gala organisé par Domtar, qui rend hommage aux travailleurs. Les 17 et 18 février 1994, les patrons et le syndicat signent une convention collective de 6 ans privilégiant la paix industrielle. Elle est acceptée à 75% et prévoit un système d’intéressement financier.
Le 23 mars 1994, Produits forestiers Alliance acquière la division de papier cédée par Domtar. Des investissements sont promis, mais souvent reportés. Les 13 janvier et 6 février 1995, les dirigeants patronaux et syndicaux s’interrogent sur l’orientation de l’usine, à cause d’un manque d’enthousiasme remarqué chez les travailleurs. En mars 1995, le syndicat participe à un colloque de la CSN, dans le but d’un développement d’un support au fonctionnement démocratique dans l’établissement. Le 2 août 1995, M. Pierre Monahan et M. Robert Després annoncent des investissements de 260 M$ pour les usines de Donnacona et de Dolbeau, dont 128 M$ pour Donnacona, ce qui permettra de fabriquer du papier surcalandré sur la machine à papier #3, la modification des installations existantes et la fabrication de la pâte. Cela satisfait le syndicat, d’autant plus que des emplois sont sauvegardés. L’usine obtient l’accréditation ISO 9002 en décembre 1995. En mars 1998, on forme un comité restreint ayant pour mandat de proposer à tous les travailleurs de l’usine un projet global, un plan de réorganisation du travail où tous les secteurs sont impliqués avec l’instauration de concept d’équipes performantes, stables et responsabilisées. Le 12 mars 1998, on annonce de bonnes nouvelles : un nouveau bâtiment, une machine à papier toute neuve, un super plan de pâte et un nouveau département de Finition & Expédition. Ces nouveaux investissements sont officiellement annoncés le 4 juin 1998 par la direction de Produits forestiers Alliance, et le Premier ministre M. Lucien Bouchard est présent ainsi que M. Roger Bertrand, le député de Portneuf et ministre de l’Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. Cet événement marqua un climat de confiance entre M. Monahan et M. Papillon. La venue de la nouvelle machine fera perdre entre 38 et 42 emplois, mais un programme d’indemnisation favorisant la retraite anticipée de certains travailleurs sera mis en place. Ainsi, en septembre 1998, la mission du syndicat est de faire démarrer la nouvelle machine à papier dans les délais prévus. On voit donc l’arrivée des équipes autonomes qui entraînent celle de la vie d’équipe et de représentants de comités. Chaque équipe regroupe cinq travailleurs se partageant la responsabilité des comités ; qualité, formation, coûts et performance, vie d’équipe et santé-sécurité. Les 7 et 8 février 2000 se tient un forum d’échanges sur les innovations en relations de travail au Palais de Congrès de Montréal, où plus de 200 personnes, patrons et syndiqués, participent. La caisse d’arrivée destinée à la nouvelle machine sort de ses amarres et tombe dans un fossé les 25 et 26 février 2000. La pièce de remplacement sera livrée10 juillet d’Allemagne, ce qui ne retardera pas le départ de la machine à papier #4 prévue pour le 5 septembre.
En 2001, Bowater acquiert Produits forestiers Alliance. En 2007, Abitibi-Consolidated fusionne avec Bowater pour devenir Abitibi-Bowater. Les représentants du Syndicat national des travailleurs des pâtes et papier de Donnacona proposent un plan de travail le 28 janvier pour garder l’usine en marche. Cependant, une fermeture temporaire est annoncée le 31 janvier 2007. L’usine d’Abitibi-Bowater à Donnacona ferme définitivement ses portes le 1er février 2008, sous la surprise des employés et du syndicat. Cette fermeture est jugée comme une trahison par le syndicat, qui accuse Abitibi-Bowater et le Gouvernement du Québec de s’être ligués dans le plus grand secret, afin que les activités de Donnacona soient transférées vers les usines de Dolbeau-Mistassini Shawinigan. Selon la CSN, Québec aurait autorisé l’entreprise à « se désengager de son obligation d’exploiter de façon continue » l’usine de Donnacona jusqu’en 2011. Une réunion a lieu le 15 avril 2008 entre les représentants syndicaux et les dirigeants d’Abitibi-Bowater, dans le but de relancer l’usine du côté du syndicat, sans résultat. Une coalition impliquant les représentants syndicaux et les principaux organismes socioéconomiques de la ville et de la région continueront leurs efforts pour relancer l’usine et sauver les quelque 250 emplois. Des marches de soutien aux travailleurs sont ainsi organisées, parmi les efforts déployés. C’est en 2019 que le Syndicat national des travailleurs des pâtes et papier de Donnacona est dissous. Un monument rendant hommage aux travailleurs a été érigé devant l’église Sainte-Agnès à Donnacona.
Historique de la conservation / source immédiate d’acquisition :
Depuis 2019, le syndicat national des pâtes et papier de Donnacona se sépare de ses biens pour redonner à la communauté.
Portée et contenu :
Le fonds est constitué de documents textuels, dont des lettres, des factures, des rapports financiers, des procès-verbaux d’assemblée, de rapports, d’amendements, d’articles de journaux et de feuilletons. Ils témoignent de la condition des employés syndiqués à l’usine de pâtes et papier de Donnacona, ainsi que de l’état financier, des objectifs et des actions du syndicat national des pâtes et papier de Donnacona. On peut ainsi voir les hauts et les bas de l’usine et des conditions de travail des employés, de la création du syndicat à sa fermeture.
Instrument de recherche :
Un inventaire sommaire est disponible au chercheur.